Geneviève

20 sept. 20195 Min

Compostelle à Verdun

Mis à jour : 6 janv. 2020

Mon récit, un an de quête et de défis ...

Le bord du fleuve de ma jeunesse à Rimouski

De nature introvertie et très privée, c'est tout à fait nouveau pour moi de partager publiquement mon expérience. Je choisis de briser le silence car je sens et je sais pertinemment que je ne suis pas seule à vivre cette fameuse crise du milieu de vie. Comme je suis à l'autre bout de l'expérience, du chemin, j'aimerais pouvoir avoir un impact positif, inspirer et donner espoir aux personnes qui ont les deux pieds dans le tourbillon en ce moment.

Le déclin

Ma période de turbulence fut parsemée d'obstacles qui se sont accumulés les uns par dessus les autres en l'espace de quelques mois au cours du printemps et de l'été 2018. Je me suis sentie forte au départ puis ... il y a eu un point de bascule et c'était trop! Je sentais que je n'avais plus de contrôle sur ce qui se passait. Chaque sphère de ma vie était ébranlée et s'effondrait une à une. Je me sentais physiquement et émotionnellement épuisée, seule et au milieu d'un brouillard. Je ne comprenais rien à ce qui m'arrivait.

Me perdre pour mieux me retrouver ... sur le chemin de Compostelle

Mon intuition à ce moment fut la suivante : "Je dois me perdre pour mieux me retrouver!" Mais qu'est-ce que cela voulait bien dire? J'ai choisi d'aborder cette nouvelle avenue avec curiosité et ouverture. Je me suis alors mise à faire des recherches pour partir vers l'inconnu car tant qu'à être dedans aussi bien aller jusqu'au bout. J'ai rêvé de quitter pour le Portugal et l'Espagne et marcher un bout du chemin de St-Jacques de Compostelle.

Un détail m'avait marqué lors de mes recherches ... Pour que le chemin de Compostelle parcouru soit considéré, il fallait marcher au moins 100 km. C'était devenu mon nouvel objectif. Pendant les mois qui suivirent, j'ai planifié sortir marcher quelques km par jour à peu près tous les jours avec pour but final d’atteindre 100 km. J'ai choisi le site des Berges du St-Laurent à Verdun pour vivre mon nouveau périple local. Dans mon coeur, je faisais Compostelle à Verdun! Pourquoi pas?

Au départ, ce fut difficile de me motiver. Je souhaitais courir plutôt que marcher mais je n'en avais pas la force. J'ai dû accepter ma situation et mes limites. Au bout de quelques semaines de constance et de persévérance, j'y ai pris goût et j'avais hâte à ce moment de détente quotidienne. Je me suis mise, au fil du temps, à agrémenter mes marches d'une pause sur le quai pour méditer, lire quelques pages ou simplement prendre le temps d'observer mon environnement et être reconnaissante pour ce moment. C'est devenu un rituel qui était pour moi à la fois apaisant, ressourçant et énergisant ... crucial à mon retour vers le bien-être!

Effets collatéraux positifs

Au fil du temps, j'ai aussi remarqué que mon discours changeait. Au départ, je me sentais victime des évènements, impuissante, comme si la vie m'avait imposé un test et ensuite abandonnée au passage. Je me sentais dorénavant plus "groundée", à l'écoute de moi, l'esprit plus léger et en paix. J'arrivais enfin à voir qu'un changement important était en train de se passer ce qui me réjouissait. Je sentais que je me reconstruisais et que je me préparais pour le prochain chapitre de ma vie et pour les opportunités que ce dernier apporterait. Je gagnais en énergie, en confiance. Mon estime de moi, écrasée au détour, commençait à se reconstruire sur de belles bases solides. Ça y est, je me sentais prête à faire le grand saut et me replonger à temps plein professionnellement.

Ombre au tableau - le syndrome de l’imposteur

Néanmoins, un détail subsistait. Malgré mes intentions positives, j'étais incapable d'aller de l'avant vers mes nouveaux objectifs professionnels. Je procrastinais, repoussais et évitais toute action qui aurait pu propulser mon retour au travail. J'ai réalisé que j'étais clouée au sol par un syndrome de l'imposteur qui s'était installé sournoisement et solidement. J'étais déroutée! Faire tant de progrès pour rater l’objectif au final.

Prise 2

Cette seconde phase de mon périple m'a obligée à faire une introspection plus profonde, à me poser des questions difficiles, à lâcher prise et à déposer quelques valises trop lourdes du passé qui ne me servaient plus. J'ai appris, bien qu'avec beaucoup de réticence au départ, à pardonner ... et à me pardonner. J'ai compris que je ne pouvais plus faire cavalier seul et j'ai demandé de l'aide car je souhaitais plus que tout aller de l'avant et vite! J'ai reçu beaucoup de support de personnes sincères autour de moi et de mentors qui m'ont guidée pas à pas. J'ai vite compris que le fait de s'entourer d'une belle équipe qui complémente nos forces est bien plus puissant.

Avec le recul, je réalise que cette expérience m'a appris à :

  • Être plus à l'écoute

  • Accepter de prendre un recul et prendre conscience de la réalité de ma situation

  • Faire preuve d'humilité, de courage et de vulnérabilité

  • Identifier et ressentir mes émotions pour m'en libérer

  • Me traiter avec plus de douceur, de respect et de bienveillance

  • Me donner le droit à l'erreur et faire preuve d'auto-dérision

  • Avoir des limites pour respecter mes valeurs et mes ressources disponibles

  • M'exprimer de façon authentique et ne pas avoir peur de dire ce que je sens

  • M'accepter davantage telle que je suis et voir mes forces et qualités

  • Être reconnaissante et apprécier qui je suis, les gens qui m'entourent et ce que j'ai plutôt que de voir ce qui manque

  • Ressentir une satisfaction et une fierté pour chaque petit pas même si l'objectif final n'est pas encore atteint

  • Avoir confiance que tout va aller pour le mieux si mes efforts sont faits avec une intention louable

  • Être pleinement responsable de mes choix et être ainsi l'auteure de l'histoire de ma nouvelle vie

  • Demander de l'aide et m'entourer de personnes de confiance et de mentors

  • Viser la croissance et la progression au lieu de la performance et de la perfection

La réponse est souvent plus simple et plus près de nous qu'on ne le croit

Ce long processus fut très libérateur et une grande partie du cheminement s'est faite à deux coins de rue de chez moi, avec comme rituel la simple activité de marcher quotidiennement et d'être à l'écoute de ce qui émergeait. Les clefs de mon apprentissages furent l'humilité, la curiosité, la patience, le courage, la constance, le support de gens extraordinaires et la foi inébranlable que je sortirais plus forte de cette expérience.

Nouveau départ

Je suis maintenant rendue à une nouvelle étape à la fois dans ma vie personnelle et professionnelle. Aujourd'hui, je choisis de vivre en cohérence. J’accorde beaucoup d'importance à mon équilibre et je me sens plus forte que jamais. Je me connais mieux, je m'aime davantage et j'ai retrouvé une nouvelle confiance. Je sens ultimement que cette aventure fait de moi une meilleure personne et une meilleure kinésiologue aussi.

En conclusion, je crois que nous sommes tous l'auteur de l'histoire de notre propre vie, un artiste maître de l'oeuvre que nous créons. Nous traçons notre chemin, notre évolution, nous vivons notre Compostelle chacun à notre façon ... un pas à la fois.

Dites-moi, avez-vous trouvé un Compostelle près de chez vous, vous aussi?

Sincèrement,

Geneviève

    1030
    2